« Passerelles Hibiscus Mutabilis « – imprimé à Bangkok en juin 2006 avec le soutien de Rolland Neveu (éditeur et photographe).
Auteur : Annouck Lepla
Format : Livre objet – cartographie de voyage – livre accordéon, 30 pages, couverture cartonnée, format fermé 15-40cm, déplié 240-40 cm.
Être née dans un port comme Marseille, a sûrement influencé mon échappée … Passer son enfance avec un grand père pêcheur sur le vieux port, a peut être créer l’envie de partir … Deux ans de conseils en management, ont définitivement précipité mon départ.
Etrange sensation que celle de vivre dans la projection permanente. ‘’Ne plus avoir le temps ?!’’ comme si ce dernier nous appartenait. Une idée germe alors, celle de substituer l’espace au temps. Le seul sens serait l’instant.
Entre Mexico, Iquitos, Rio, Iguaçu, Kolkata, Leh, Varanasi, Ubud, Muang sing, Bagan, Bangkok … des regards se croisent, pendant qu’un objectif en balancement à 60 cm du sol fixe l’instant, avant que ma main puisse s’y exercer.
L’échappée durera 2 ans et demi.
Au départ, photographier est une façon d’apprendre à dessiner. Puis le plaisir de suspendre des expressions ou des perspectives, sans jamais les mettre en scène, au hasard du mouvement, des croisements et des passerelles, va devenir un jeu.
Au retour, la défragmentation nécessaire s’exprimera à travers le collage.
Composition plasticienne, cartographie de voyage, fenêtres ou les mondes se mélangent, miroir ou le vide et le trop plein se disputent l’espace, instants en suspensions, et surtout ne pas oublier pourquoi on est la.
Cette exposition est la première d’une série, prévue en 2006, a Kolkata, Bangkok et Marseille en 2007.
C’est un hymne au mouvement, à la disparition à l’ombre, à la transformation … car il est bon parfois, de pouvoir se perdre, se nourrir de couleur et surtout apprécier le goût de l’inattendu.
Extraits du livre :
« Pour que les choses surviennent et changent. Lorsque la vie s’écoule à vide, que le temps s’évapore, il reste le dépouillement et l’instant présent. Basculer les repères et se détacher des habitudes, pour faire place aux mondes qui s’expriment dans le silence, dans un murmure. Les signes connus et répétitifs laissent mots aux lignes du visage. »
Extraits du livre :
« Expressions des murs …
Expression libre ?!
Libérez les murs !
Emmurez les idées ?!
Idéisez le monde !
Mondanisez la vie ?!
Vitalisez la pierre !
Pétrifiez l’image ?!
Imaginez d’autres parties ! »
Extraits du livre :
« Dans un roulement du regard sur fond de murs délabrés, colorés par l’histoire, des courbes délicates parlent de découvertes et de passages… prendre la couleur du milieu, tout en sachant effleurer les choses pour qu’elles vous épargnent. »
Extraits du livre :
Bellezza !!! «Extase … excès, gaspillage, révolte … dans la confusion qu’elle engendre, la société se dissout en elle-même … tout communique, cohabite, perd forme et singularité … la fête retour à la pâte originelle … participation, elle nous lance dans le vide, ivresse qui se consume elle-même et se dégage, décharge dans l’air comme un feu d’artifice …» Octavio Paz.
Du précarnaval à la fantasia, s’oublier dans l’enchantement libérateur de la montée carnavalesque … baroque, excentrique, confus, on se respire à la lisière.
Les femmes accueillent les hommes de passage, qui promènent les oiseaux en cage, pendant que les escadrons s’occupent des enfants … galéra, allégria, états incertains en métamorphose. »
Extraits du livre :
Absurde !!!
Justification du pouvoir ou, La préemption inconnue, que nous ne connaîtrons peut-être pas, mérite d’être par la force envisagée ou, Liberté du libéralisme à libérer les peuples libres par des sophismes ou, Concession de jouissance à titre privatif d’une partie commune ou, Montreurs de vie en rose … montreurs de sacré … grands imaginateurs.
«Il y a des choses que nous connaissons. Et puis il y en a d’autres que nous savons ne pas connaître. C’est-à-dire qu’il y a des choses dont nous savons que, pour l’instant, nous ne les connaissons pas. Mais il y a aussi des choses inconnues que nous ne connaissons pas. Il y a des choses dont nous ne savons pas que nous ne les connaissons pas. En résumé, l’absence de preuve n’est pas la preuve d’une absence … Ne pas avoir la preuve que quelque chose existe ne veut pas dire qu’on a la preuve qu’elle n’existe pas». Discours de Donald M. Rumsfeld paru dans le Monde Diplomatique, août 2005, “Que faisons nous en Irak ?“.
Extraits du livre :
Kashi … la resplendissante!!!
Cité de la lumière où la vie et la mort se côtoient et s’emmêlent. Les couleurs rebondissent sur les ténèbres, révélant une pesanteur particulière, sorte d’appréhension qui est celle que l’on ressent face à l’éternité, comme si de séjourner dans cet espace faisait perdre la notion de temps.
Sur les Ghâts de crémation, la vie et la mort s’effleurent dans une ronde poétique sans fin.
La mort apparaît suspendue à un fil … La vie flotte entourée de vide soutenue par le vent … Des vêtements qui attendent … course au remplissage … «ceux qui l’emportent», les dieux du vent.
Une nouvelle enveloppe est prête… la contradiction n’est pas absurde car au cœur de la mort la vie souffle déjà … vêtements vides, vêtements pleins … cendres … se diluer, se fondre, s’évaporer … déjà l’enveloppe s’assèche, la mort réduite à l’éphémère devient légère … la vie obsédante se gonfle d’air et s’agite.
Extraits du livre :
« Ligne horizontale, le collage est comme une peau que l’on superpose au fil du courant, pour n’être plus qu’un tissu accommodé, un instant en suspension, des histoires écrites dans l’eau.
Le voyage m’a traversée puis liquéfiée, comme une ombre, je lui rends ses couleurs. »